La moitié des langues sont menacées de disparition et une langue meurt en moyenne toutes les deux semaines ! Et si rien n’est fait pour endiguer ce phénomène, c’est 90 % des langues qui disparaîtront sûrement au cours de ce siècle. Zoom sur une tragédie linguistique et culturelle.
Combien y’a-t-il vraiment de langues en voie de disparition ?
Sur environ 6000 langues parlées dans le monde, on estime que près de 3000 seraient en voie d’extinction.
Tous les continents sont concernés, même l’Europe avec ses langues régionales minoritaires !
En France par exemple, 26 langues sont en voie de disparition parmi lesquelles le languedocien, le breton, le picard ou encore le provençal, classées comme “sérieusement en danger” par l’Unesco.
De nombreuses langues africaines semblent également vouées à disparaître, notamment au Cameroun (36 langues), au Nigeria (29 langues), au Sénégal (15 langues)…
En Océanie, le Vanuatu risque de perdre 46 langues rassemblant pour beaucoup une grande partie de la culture ancestrale du pays, tout comme 98 langues de Papouasie Nouvelle Guinée en grand danger !
Même constat en Amérique : 191 langues en voie de disparition aux Etats-Unis (beaucoup dans le Michigan, en Alaska, en Louisiane ou encore dans le Nevada) et 87 au Canada qui disparaissent avec leurs communautés d’indiens notamment.
Les causes de l’hécatombe
Jadis, l’extinction des langues dans le monde était liée à la disparition de leurs peuples (guerre, épidémie, natalité insuffisante).
Aujourd’hui, on constate que les populations tendent à adopter la langue dominante aux dépens de la leur. Les raisons principales :
- domination économique (l’anglais est LA langue Business et technologies),
- favoriser l’insertion sociale de leurs enfants (et d’eux-mêmes) – ce qui engendre souvent la perte de la langue maternelle,
- mariages mixtes,
- pression politique des Etats (ex. en France au XXème siècle, le gouvernement interdit de parler les langues régionales à l’école),
- une langue de tradition orale (indiens d’Amérique par exemple, ou tribus d’Afrique)…
Que peut-on faire pour sauver ces langues en voie de disparition ?
S’agissant d’une partie du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, l’Unesco œuvre pour la conservation de la diversité des langues à travers plusieurs actions.
Avec l’édition de l’Atlas mondial des langues en danger dans le monde, l’Unesco vise plusieurs objectifs :
- susciter une prise de conscience de la part des autorités, des communautés de locuteurs et du public,
- constituer un outil de suivi sur l’état des langues en danger dans le monde et des tendances globales en matière de diversité linguistique.
Pour chaque langue, l’Atlas indique sa dénomination, son niveau de vitalité (sûre, vulnérable, en danger, sérieusement en danger, en situation critique, éteinte) et le(s) pays où elle est parlée.
Voir la version en ligne de l’Atlas des langues en voie de disparition (Unesco).
En 1992, le Conseil de l’Europe propose la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, un traité destiné à “protéger et favoriser les langues historiques régionales et les langues des minorités en Europe”. Aujourd’hui ratifié par 25 états membres, ce traité a été signé par la France mais pas ratifié malgré les recommandations (et reproches) de l’ONU.
Depuis 2008 (enfin !), l’Etat français reconnaît que « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France ».
C’est grave une langue en voie de disparition ?
Oui c’est grave ! C’est une partie du patrimoine culturel mondial qui s’éteint.
Face à l’anglais, langue dominante mondiale, les langues minoritaires par leur nombre de locuteurs ou régionales sont en danger. La disparition des langues engendre aussi la perte irrémédiable d’une partie de la culture des zones géographiques concernées.
Une langue permet aussi de désigner des phénomènes climatiques locaux, une faune et une flore endémiques qu’aucune autre ne sait aussi bien mentionner. Comment dès lors exprimer ces choses à travers une langue dominante qui ne les connaît pas ?